dimanche 7 octobre 2007

Cette vidéo est extraite du film Mémoire d’un saccage (Memoria del saqueo, 2004) de Fernando Solanas, Ours d’or d’honneur au festival de Berlin en 2004.

Fernando Solanas montre comment la politique économique menée par Carlos Menem entre 1989 et 1999 a progressivement plongé le pays dans l’une des plus graves crises économiques de l’histoire de l’Amérique latine (lire plus sous la vidéo !).

Ici, le chapitre portant sur la malnutrition, notamment infantile, au début des années 200o en Argentine.


En 1991, Menem fait établir une « loi de convertibilité », qui place le peso argentin a valeur strictement égale avec le dollar. Le système suppose que la banque centrale couvre, sous forme de réserve, la totalité de la base monétaire : pour chaque peso émis, la banque place un dollar en réserve.

Pendant sept ou huit ans, le pays ­– qui venait de traverser plusieurs années de récession – voit les investisseurs étrangers se précipiter sur ses ressources. On assiste au « miracle économique » argentin : baisse drastique des impôts, des prix du marché, augmentation de 10% du produit intérieur brut. Le prix de cette belle santé (de surface, il va sans dire), c’est la vente presque intégrale des ressources naturelles à des compagnies étrangères (notamment le gaz et le pétrole, mais également les terres des petits paysans), la suppression de milliers de postes de travail, l’émergence en sous-sol d’une classe de chômeurs et de laissés pour compte qui, dans un pays bien placé sur les marchés économiques européens, meurent de faim.

A la fin des années ’90, la situation économique internationale se détériore. L’équivalence peso-dollar devient suspecte aux yeux des investisseurs qui cessent de placer leur argent en Argentine, réclament les intérêts sur leurs investissements, et le remboursement des prêts démentiels contractés par l’Etat d’Argentine. A la fin 2000, la dette extérieure s’élève à 150 milliards de dollars. L’Etat fait main basse sur les réserves de la banque centrale pour tenter d’éponger ces dettes. Pendant ce temps, les petits épargnants et retraités tentent de récupérer leurs caisses de retraite ou leurs épargnes personnelles ­– en vain.

Ce film montre comment l’un des pays les plus riches d’Amérique latine par ses ressources et son histoire (contrairement à ses voisins, l’Argentine était déjà économiquement stable et compétitive dès la fin des années 40), a progressivement sombré dans le chaos social, privant les citoyens d’assurances sociales, de soins minimaux, de médicaments, et bien souvent de l’alimentation minimale (voir l’extrait ci-dessous). Pendant ce temps, la situation du pays était qualifiée par les Etats-Unis de « Miracle argentin » et Menem était dans les petits papiers de la maison blanche…

L’arrogance politique fait ici froid dans le dos (le ministre de l’économie de Menem, peu de temps après l’élection de celui-ci en 1989, déclare par exemple sous les applaudissements de l’Assemblée nationale : « Rien de ce qui n’appartient à l’Etat ne restera à l’Etat »), le désarroi des plus pauvres encore davantage, mais Solanas montre également comment, dans ces circonstances désespérantes, s’organisent les mouvements de résistance sociale. Il faut donc voir Memoria del saqueo, ainsi que sa suite, La dignidad de los nadie (littéralement: La dignité des moins-que-rien). On peut se procurer ces films en DVD (VO sous-titrée en français) chez Trigon film.

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