jeudi 4 octobre 2007

Victor Jara, poète et chanteur chilien, fils de petits agriculteurs, voyait la chanson comme un vecteur d’unité. En racontant la vie des enfants des campagnes ou des ouvriers, en s’engageant contre la main mise des Etats-Unis en Amérique latine, en faisant revivre les thèmes musicaux et les instruments de la culture populaire, Jara tentait de rallier les habitants des villes et des campagnes, du sud et du nord, autour d’une identité culturelle commune et forte, qui leur aurait permis de mieux se connaître les uns les autres. Le meilleur exemple de cette démarche est sans doute l’album La Poblacion, dernier travail du chanteur paru en 1972. Victor Jara meurt à l’âge de 41 ans, assassiné par la junte militaire de Pinochet le 15 septembre 1973, après quatre jours de tortures. On lui a notamment coupé la langue et casser les mains, symboles de sa musique et de son engagement pour le peuple. Cette chanson, son « manifeste » parce qu’il s’agit de la dernière qu’il ait écrite entière avant son décès, est ici accompagnée de quelques images d’archives sur le coup d’état de septembre 1973 et sur la vie du chanteur.




Yo no canto por cantar
ni por tener buena voz,
canto porque la guitarra
tiene sentido y razón.
Tiene corazón de tierra
y alas de palomita,
es como el agua bendita
santigua glorias y penas.
Aquí se encajó mi canto
como dijera Violeta;
guitarra trabajadora
con olor a primavera.
Que no es guitarra de ricos
ni cosa que se parezca
mi canto es de los andamios
para alcanzar las estrellas.

Que el canto tiene sentido
cuando palpita en las venas
del que morirá cantando
las verdades verdaderas,
no las lisonjas fugaces
ni las famas extranjeras
sino el canto de una lonja
hasta el fondo de la tierra.
Ahí donde llega todo
y donde todo comienza
canto que ha sido valiente
siempre será canción nueva.

(Je ne chante pas juste pour chanter, ni pour montrer ma belle voix. Je chante parce que la guitare a du sens, parce qu'elle a raison. Elle a un coeur de terre et des ailes de colombes, elle est comme l'eau bénite, qui bénit les gloires et les peines. Mon chant s'est fixé à cela. Guitare travailleuse aux odeurs de printemps, ce n'est pas une guitare de riches, ni de rien qui y ressemble. Mon chant est un échaffaudage pour arriver jusqu'aux étoiles. Car le chant prend tout son sens lorsqu'il palpite dans les veines de celui qui mourra en chantant toutes les vérités: je ne cherche ni les flatteries fugaces, ni la renommée internationale, mais le chant de ce morceau de monde, jusqu'au fond de la terre. Là où tout finit et où tout commence, le chant qui fut courageux toujours sera un chant nouveau.)

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