mercredi 23 janvier 2008

Pourquoi le 15ème des "Vingt poèmes d'amour" de Pablo Neruda a-t-il tant fasciné? Sans doute cette vision de la femme aimée qui, déjà, aurait atteint la frontière d'un autre monde, image tragique qui rend heureux, puisqu'elle n'est qu'illusion... Voici donc ce poème en espagnol, sa traduction, et la version musicale qu'en a donné Victor Jara.

Me gustas cuando callas porque estás como ausente,
y me oyes desde lejos, y mi voz no te toca.
Parece que los ojos se te hubieran volado
y parece que un beso te cerrara la boca.

Como todas las cosas están llenas de mi alma
emerges de las cosas, llena del alma mía.
Mariposa de sueño, te pareces a mi alma,
y te pareces a la palabra melancolía.

Me gustas cuando callas y estás como distante.
Y estás como quejándote, mariposa en arrullo.
Y me oyes desde lejos, y mi voz no te alcanza:
déjame que me calle con el silencio tuyo.

Déjame que te hable también con tu silencio
claro como una lámpara, simple como un anillo.
Eres como la noche, callada y constelada.
Tu silencio es de estrella, tan lejano y sencillo.

Me gustas cuando callas porque estás como ausente.
Distante y dolorosa como si hubieras muerto.
Una palabra entonces, una sonrisa bastan.
Y estoy alegre, alegre de que no sea cierto.

J'aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
et tu m'entends au loin, et ma voix ne t'atteint pas.
On dirait que tes yeux se sont envolés,
et on dirait qu'un baiser t'a clos la bouche.

Comme toutes les choses sont emplies de mon âme,
tu émerges des choses, de toute mon âme emplie.
Papillon de rêve, tu ressembles à mon âme
et tu ressembles au mot : mélancolie.

J'aime quand tu te tais et que tu es comme distante.
Et tu es comme plaintive, papillon que l'on berce.
Et tu m'entends au loin, et ma voix ne t'atteint pas:
laisse-moi me taire avec ton silence.

Laisse-moi aussi te parler avec ton silence,
clair comme une lampe, simple comme un anneau.
Tu es comme la nuit, silencieuse et constellée.
Ton silence est d'étoile, si lointain et si simple.

J'aime quand tu te tais, parce que tu es comme absente,
distante et douloureuse, comme si tu étais morte.
Un mot alors, un sourire suffit,
et je suis heureux, heureux que ce ne soit pas vrai.

Texte espagnol tiré de Pablo Neruda, Vingt poèmes d'amour et une chanson désespérée, suivi de Les Vers du capitaine, éd. bilingue, Gallimard, "Poésie", 1998.
J'ai préféré traduire personnellement ce poème qu'adopter la traduction de Claude Couffon et Christina Rinderknecht proposée dans cette édition.

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1 Commentaire:

  1. Anonyme a dit...
    Les classiques, ironisait Oscar Wilde, sont des auteurs dont tout le monde parle mais que plus personne ne lit. Nous vous proposons de redécouvrir Pablo Neruda, ses poèmes, ses combats, son époque, sa vie. En un mot, nous voulons faire descendre Neruda de son piédestal, afin de vous le rendre plus proche, plus familier, plus vivant.

    Lire la suite...

    http://pablo-neruda-france.blogspot.com/