lundi 10 mars 2008

6. Y a-t-il une solution au problème colombien ?

Dans les circonstances actuelles, et surtout avec un président colombien attaché à défendre coûte que coûte les intérêts des États-Unis dans la région en éliminant les FARC, Chavez, Correa et toute la vague de nouvelle extrême gauche qui se répand actuellement en Amérique latine, on voit mal comment le problème des FARC, des otages et de l’ensemble du peuple colombien pourrait être résolu.

En vérité, il y a une solution, que défendent notamment les chercheurs en bioéthique de l’Université de El Bosque, en collaboration avec des universitaires de l’Université Libre de Bruxelles et de l’Université de Stockholm : mettre en place en Colombie un programme agraire éthique de remplacement de l’exploitation de la coca par d’autres cultures, respectueuses à la fois de l’environnement, des traditions indigènes et susceptibles d’apporter un vrai revenu aux populations agricoles des régions excentrées.

Si cette solution simple n’est pas mise en œuvre, c’est qu’elle ne convient à personne : on voit mal les paramilitaires et les milieux du trafic de la drogue applaudir à une possible éradication de leur première source de revenu ; par ailleurs, il faudrait pour la mettre en œuvre engager une véritable négociation avec les FARC et vraisemblablement accepter, en échange d’un cessez-le-feu, que ceux-ci occupent légalement les régions qu’ils contrôlent depuis des décennies. Solution inenvisageable pour l’état colombien et les États-Unis, car comment accepter que 25'000 hommes, auxquels il faut ajouter les paysans qu’ils rallieraient à leur idéologie marxiste, puissent agir et penser en toute légalité dans des zones proches des « pays bandits » que sont le Venezuela et l’Équateur ?

Dans ces conditions, et maintenant qu’ils bénéficient d’une attention de toute la communauté internationale, les FARC n’ont aucune raison de faire le premier pas. Mais leur situation est pour le moins délicate : si l’otage Ingrid Bétancourt venait à mourir, ils se verraient totalement discrédités et l’État colombien pourrait mettre en œuvre n’importe quelle stratégie pour les éliminer, au risque de sacrifier quelques autres otages moins connus que la Franco-Colombienne. Enfin, s’ils rendaient cette dernière, leurs revendications seraient vraisemblablement rapidement oubliées. L’État colombien a d’ailleurs également besoin d’Ingrid Bétancourt comme otage pour légitimer aux yeux de l’opinion internationale sa lutte contre les FARC et, accessoirement, contre la médiation de Chavez.

Il semblerait que le conflit colombien ne soit pas près de trouver une issue. Et pendant ce temps, le premier otage du conflit, celui qu’on oublie un peu trop systématiquement, c’est la population colombienne.

7. Bibliographie

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