mardi 29 avril 2008
Article de BENITO PEREZ paru dans Le Courrier du Mardi 29 Avril 2008, p. 16, sous le titre: "La guerre du pétrole s'empare du Mexique"
Une marée humaine s'est déversée dimanche sur le centre de Mexico. Par dizaines de milliers, les habitants de la capitale mexicaine ont convergé sur la place du Zocalo pour défendre «leur» compagnie pétrolière Pemex. A contre-courant de
Parlement assiégé
Vêtus de blanc ou en tenues d'ouvriers du pétrole, les manifestants ont défilé sans incident sur les principales avenues du centre avant d'assister à un meeting sur le Zocalo.
La marche faisait suite à une autre mobilisation intense au coeur de la capitale. Durant seize jours, des «brigades» composées de femmes ont bloqué l'accès au Parlement mexicain. Une action résolue qui a permis d'arracher aux partis de droite un «grand débat national» sur la réforme des hydrocarbures.
Pour l'heure, le projet est étudié en commission sénatoriale. La consultation devrait ensuite durer quelque deux mois. La gauche exige qu'elle soit ensuite sanctionnée par un référendum.
Troisième fournisseur US
Sixième producteur mondial de pétrole, le Mexique et sa société Pemex attisent la convoitise de nombreuses majors, en ces temps de raréfaction de l'or noir et alors que les Etats se montrent toujours plus réticents à abandonner le contrôle de leurs réserves. Avec ses onzièmes réserves prouvées, et une importante capacité de raffinage, Pemex représente l'une des plus belles promises sur le marché. L'affaire est d'autant plus sensible que la proximité géographique fait du Mexique le troisième pourvoyeur des Etats-Unis.
Nationalisée en 1938 par le fameux président Lázaro Cárdenas, Pemex est demeurée longtemps intouchable aux yeux de nombreux Mexicains. Son caractère public est d'ailleurs inscrit dans
Il aura fallu trois ans consécutifs de baisse de la production pour que le gouvernement ose s'attaquer de front au dossier, justifiant l'ouverture de Pemex aux privés par le besoin d'investissements urgents.
Soixante milliards
L'argumentation est balayée par la gauche, qui dénonce une mise en scène comptable visant à faire accepter une réforme pétrolière préparée de longue date. Les opposants à la privatisation rappellent que, chaque année, Pemex verse plus de 60 milliards de dollars à la caisse publique, soit plus du tiers des revenus publics nationaux.
Surtout, met en garde M. López Obrador, le Mexique perdrait sa maîtrise des secteurs stratégiques que sont «l'exploration, le forage, le raffinement, la pétrochimie, le transport, les oléoducs et le stockage de produits pétroliers».
Chávez pointe son nez
A demi-mot, il accuse M. Calderon – ancien ministre de l'Energie – de vouloir brader la souveraineté mexicaine et d'offrir cette manne «à des personnes privées nationales et étrangères». Le refus du président mexicain d'étudier les propositions du Brésil et du Venezuela semble confirmer que les acheteurs sont d'ores et déjà désignés. En effet, Lula da Silva et Hugo Chávez ont tous deux proposé d'associer leurs compagnies publique et parapublique à Pemex, afin de l'aider dans son développement, tout en la maintenant dans la sphère publique. Sans obtenir de réponse.
Cartographie: Lutte pour la dignité, Mexique, Politique, Reprise d'article
1 Commentaire:
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- Anonyme a dit...
3 mai 2008 à 09:47Il est clair que la Pemex doit rester publique, pour que l'argent du pétrole serve au développement du Mexique !