vendredi 20 juin 2008

Le 1er juin passé, on votait en Suisse sur un objet particulièrement délicat, soumis au peuple sur l’initiative de l’UDC, parti d’extrême droite. Il s’agissait de se prononcer pour ou contre « des naturalisations démocratiques », l’adjectif voulant dire, en l’occurrence, « décidées par le peuple ». Autrement dit, si cette initiative passait, chaque commune pourrait décider de la manière de naturaliser les étrangers qui se soumettaient à ce processus : en les convoquant devant une commission restreinte, chargée d’examiner leur dossier et de s’entretenir avec eux pour mesurer leur degré d’insertion, comme cela s’est fait jusqu’à présent, ou en convoquant les citoyens aux urnes pour leur soumettre les noms des candidats à la naturalisation.


L’UDC, dont le succès, depuis quelques années, est évident en termes de députés placés, lors des élections, dans les villes, les cantons et au niveau fédéral, y est allé avec force populisme (c.f. affiche) et moyens financiers. Il y avait sincèrement de quoi craindre un vote favorable à cette proposition raciste mais non, bonne surprise, 63,8% des votants on refusé. Un bon point pour cette Suisse qui, par ailleurs, se montre de plus en plus frileuse dès qu’il s’agit d’asile, de permis de travail, voire même de séjours de plus d’un mois pour les ressortissants non-européens.

Peut-être encore sous l’effet de cette « giffle » soulageante, j’avais l’illusion que, le 18 juin, les députés européens feraient preuve de bon sens et renonceraient à construire le mur de la « directive retour ». C’était là croire que l’Europe pourrait écouter ses citoyens, ce qui est bien naïf. Il n’y a pas grand-chose à dire de plus, sinon que, ironie du sort, c’est la Suisse qui la première a senti les conséquences de cette directive : en effet, la législation suisse, sur certains points, est bien plus sévère que les nouvelles règles européennes en matières d’émigration (c’est dire). Sur la base des accords bilatéraux qui lient la Suisse à l’Europe, il faudra donc que les Suisses « limitent » à 18 mois la période de détention pour les migrants sans papiers, alors qu’elle est actuellement, ici, de 24 mois.

Ça fait un peu rire jaune de penser que la directive de la honte a du bon…



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