jeudi 11 septembre 2008


Oye compañeros! Estamos de vuelta!
(Prononciation à la cubaine: oe oaeo! Eao e wuea!)
Cinq jours de claustration à Cienfuegos, quelques sueurs froides, des images effrayantes à la télé quand il y avait du courant, voilà plus ou moins ce que traduit notre long silence de ces derniers jours.
La region où nous etions n'a été que peu touchée par l'ouragan dont l'oeil se situait pourtant à 30 km de la ville ou nous étions. Arbres arrachés, toits écroulés ou envolés, mais l'inondation s'est limitée à la zone basse de la ville; le plus dangereux était finalement, depuis hier, les risques d'éboulement des maisons ou les chutes de tuiles, ainsi que les problèmes sanitaires (voir plus bas). Nous avons fait quelques photos mais ne pouvons les mettre en ligne. Ce sera pour notre retour en Suisse.
Il faut saluer la magnifique prise en main de ce type d'événement climatique, à Cuba. Plus de 24 heures avant le début des hostilités, l'alarme était donnée. Les zones les plus critiques ont été évacuées (270'000 personnes dans la région orientale), des consignes de sécurité étaient diffusées 24 heures sur 24 à la television et à la radio, avec toujours le même message principal: éviter à tout prix les pertes humaines.
Dimanche soir à Cienfuegos, alors que l'ouragan était au plus fort dans l'est, on s'attendait au pire dans une ville déjà très durement touchée en 2005. Les particuliers se sont mis à clouer des planches pour consolider portes et fenêtres, à remplir les réservoires d'eau sur les toits pour éviter qu'ils ne s'envolent, à démonter les antennes de télé, toutes les enseignes, à débrancher et rentrer les bombonnes de gaz ainsi que tous les objets susceptibles de se tranformer en projectiles. Les forces de protection civile démontaient tous les panneaux publicitaires, les cabines téléphoniques, les réverbères, coupaient les branches et arbres dangereux et 3 heures avant l'arrivée du cyclone dans notre zone, lundi 8, l'électricité était volontairement coupée pour éviter les accidents et les incendies.
Nous logions à l'ICAP (Institut Cubain pour l'Amitié entre les Peuples) et ce fut une chance, car les maisons d'hôtes de Cienfuegos se situent sur la côte et sont en bois... Nous avions du dur, et surtout des gens très experimentés qui nous ont interdit de sortir depuis dimanche soir et jusqu'à mardi après-midi. Nous avons donc aidé a démonter, puis remonter, nettoyer, etc.
Ceci dit, si nous avons eu de la chance, les Cubains des zones nord-est et de l'ouest sont dans une situation catastrohique, vous le savez sans doute. Outre les problemes d'innondations, de maisons et de bien privés détruits, les cultures ont été ravagées, ce qui en pleine saison du tabac, du café et des bananes, est dramatique. Ajoutez à cela l'éternel embargo, une vie dure même avec la récente reprise que connaissait l'économie cubaine grâce à la Chine, et vous aurez un tableau de la misère actuelle de l'île.
Malgré cela, il y a chez ces gens une volonté de repartir qui nous a impressionnés. Les écoles ont repris tant bien que mal ce matin dans de nombreuses régions. On ne parle partout que de reconstruction, et on fait le bilan de ce qui a été sauvé plutôt que de ce qui est perdu. A Cienfuegos et dans la campagne plus touchée que nous avons parcourue ce matin, on nettoie depuis mardi nuit et jour, on fait sécher les cultures ravagées pour récuperer ce qui est récuperable, et même dans l'est, l'état d'esprit est le même. Propagande, diront certains, mais je ne crois pas. Les Cubains ne sont pas de ceux qui se lamentent et l'énergie de chacun (particuliers, protection civile, armée, etc) est touchante.
Reste maintenant le plus grave problème: les pluies dans certaines zones, qui continuent, et l'état de l'eau. Nous n'en avions plus, à Cienfuegos, depuis mardi soir. Pour vaguement nous laver et rincer les toilettes, il a fallu en puiser dans une citerne, une eau très brune, nauséabonde, remuée, qui est également utilisée à la consommation après avoir été bouillie. Or tout le monde ne peut plus bouillir l'eau, vu les circonstances.
Il faudrait pouvoir faire quelque chose, mais c'est difficile. Nous avons donc repris la route ce matin non sans un certain sentiment de malaise, pour arriver a Trinidad où la situation est également bonne. Nous resterons ici plusieurs jours et circulerons depuis cette belle ville colorée adossée à la montagne et faisant face à la mer.

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