mercredi 3 septembre 2008

[Je ne trouve pas les accents sur les ordinateurs cubains. Mes excuses pour les petits problemes de lecture que cela pourra vous causer.]

On les a vues tant de fois, ces images d'une Havane un peu decrepite, ces personnages comme en attente dans des rues d'un autre temps, que j'hesite un peu a publier les miennes. Pourtant, elles m'ont fait plaisir, aussi en voici quelques-unes.

Notre voyage, apres un debut houleux en Suisse, se deroule pour le mieux du cote cubain. Passage de douane sans tracas aucun, chambre parfaite chez des particuliers qui aiment parler de leur ile, ouragans loin des cotes (pour l'instant)... que demander de plus?

De notre premiere journee, hier, a la Havane, je vous raconterai nos deux rencontres principales en vous livrant tels quels les recits de leur protagoniste. Le mythe n'est jamais tres loin. (Mais le mythe n'est jamais qu'une interpretation de la realite, non?!)

Ibrahim, 55 ans, est venu prendre le frais de la Plaza de Armas, a deux pas du bord de mer, lorsque je lui demande si la peche a ete bonne. Cet homme debraille, la peau sur les os, vient en effet de poser a cote de lui une belle canne a peche quasi neuve, dont il raconte qu'elle lui a ete offerte par un touriste espagnol il y a de cela deux ans. D'abord reserve, se limitant a quelques banalites sur la nature, qui n'est plus aussi genereuse qu'avant, sur le poisson, toujours plus petit et moins varie, Ibrahim en vient rapidement a jeter quelques regards autour de lui pour nous dire tout le mal qu'il pense des Cubains, toujours plus egoistes, toujours moins revolutionnaires, ou en tout cas plus de cette Revolution dont, lui, a reve un temps.

D'origine paysanne, Ibrahim est devenu invalide apres une chute d'un vehicule agricole il y a de cela une dizaine d'annees. Il touche une rente du gouvernement cubain qu'il depense presque integralement au marche noir. Il nous explique comment tous ceux qui, ici, travaillent de pres ou de loin avec les touristes jouent sur un double, voire un triple salaire: le revenu legal, le detournement de marchandises dont une part, la nourriture notamment, leur profite directement, et le trafic de celles-ci, avec d'autres touristes ou avec des Cubains. Ibrahim fait partie du circuit quand la peche est bonne. Les autres jours, il mange ses poissons pour economiser un peu de son petit revenu. Et se debrouille en demandant quelque chose par-ci, par-la. Le recit, murmure a quelques centimetres de nos visage, a l'avantage de la clarte. Nous raccompagnons Ibrahim a son port et decidons entre nous que nous irons, un de ces jours, lui apporter un de nos t-shirts et un paquet de riz.

C'est un tout autre genre de pecheur que nous rencontrerons en soiree. Attable dans un restaurant avec sa tante et son cousin, Silvio fete ses trente ans et le fait savoir. Avec son ensemble ADIDAS blanc, il a tout du Cubain de Miami. Si bien que lorsqu'il nous invite a "compartir" autour de quelques bieres et, plus tard, d'un morceau de poisson (qu'il paiera integralement), nous imaginons qu'il fete l'acquisition d'un visa pour l'autre berge du detroit de Floride...

Erreur, a ses dires en tout cas. Silvio raconte avoir herite du grand bateau de peche de son pere avec lequel il travaille du cote de Villa Clara. Silvio ne tarit pas d'eloges envers son pays, dans lequel il vit plutot bien. Son cousin, musicien, nous parle avec enthousiasme du systeme de sante cubain, de l'education, des medecins envoyes dans des pays comme la Bolivie et l'Angola, etc. Tout cela avec le meme look Miami-Beach, training blanc large, basjets, lunettes noires. Nous passons une soiree pour le moins animee avec eux et tout y passe: politique, chants et danse sur le bord de mer avec un groupe de jeunes Cubains et Chiliens, puis concert de salsa sur une place de la vieille ville.


Deux rencontres qui symbolisent parfaitement ce que, jusqu'a maintenant, nous percevons de Cuba: une ile aussi pleine de contrastes que de contradictions, ou ceux qui desapprouvent parlent tout bas pendant que d'autres crient leur enthousiasme, ou les apparences ne correspondent jamais a ce qu'on attendait, ou il faut savoir ecouter les histoires...

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3 Commentaires:

  1. M a dit...
    Tu as bien fait de ne pas hésiter trop longtemps car tes photos sont chouettes! et ne seront jamais pareilles que celles déjà vues. Merci aussi pour récits rapportés ici et j'espère qu'il y en aua d'autres !
    antoinette a dit...
    Merci de nous faire voyager à travers tes récits passionnants et tes superbes photos! J'attends la suite avec impatience! Bon voyage. Bien amicalement.
    Antoinette
    Unknown a dit...
    Chacun regardera et verra autre chose dans la voiture verte, retiendra des détails ou alors son regard restera fixé sur la masse imposante. Alors courage pour les photos, merci des textes et au plaisir de vous lire à nouveau très bientôt.

    Madeleine vous espère bien à l'abri.