samedi 24 janvier 2009

Le Courrier du samedi 24 janvier s'ouvre sur une double page consacrée à la Bolivie qui vote ce week-end une nouvelle constitution. Un très beau dossier constitué par Bernard Perrin, qui met en perspective les espoirs et les craintes que soulève le nouveau texte constitutionnel, avec un accent tout particulier sur la situation des indigènes.


I. BOLIVIE: LA RECONQUÊTE PACIFIQUE DES INDIGÈNES

Trois ans après l'élection d'Evo Morales, les Boliviens s'apprêtent à inaugurer leur nouvelle maison commune. Le projet de constitution soumis aux vois dimanche devrait consolider les réformes juridiques, sociales, politiques et économiques en cours. Une "décolonisation du pouvoir qu'illustre la réforme agraire en pays guarani.

BERNARD PERRIN, SANTA CRUZ

Imaginez qu'une famille soit propriétaire de l'équivalent de la superficie du canton du Valais... ou de plus de 500'000 terrains de football. Et que sur ce même territoire, des milliers de paysans sans terre survivent en esclavage, avec au mieux un salaire de misère, au pire juste de quoi nourrir leur famille. Bienvenu dans le département de Santa Cruz, terre des inégalités! Dans cet Oriente bolivien où seulement 5% des plus riches propriétaires possèdent 85% des surfaces cultivées...

Dans la région reculée de l'Alto Parapeti, à quelques heures de jeep de la petite ville pétrolière de Camiri, le temps semble s'être figé. Et le paysage magnifique, fait de vallées et de montagnes recouvertes d'une végétation luxuriante, rappelle le paradis perdu. Perdu, car dans ce monde oublié, le XXIe siècle rime encore avec esclavage pour le peuple guarani. Dans les énormes propriétés privées de plusieurs milliers d'hectares, des communautés entières vivent toujours en état de servitude, soumises à un patron.

Les Guaranis ont habité cette région au moins depuis le XIVe siècle, et ont résisté à toutes les tentatives de colonisation pendant plus de trois cents ans, jusqu'à leur défaite militaire en 1892 lors de la bataille de Kuruyuki. Le territoire fut alors distribué par l'Etat aux propriétaires terriens, boliviens ou étrangers, et les «bons sauvages» guaranis furent dispersés dans les différentes haciendas, utilisés pour le travail aux champs. Une main d'oeuvre corvéable à souhait bienvenue...

Un siècle de travail forcé

Des communautés entières furent ainsi privées de leurs terres fertiles et réduites au travail forcé. «Ce fut le début de la période la plus pénible de notre histoire, qui n'est malheureusement pas encore terminée», explique Felicia, assise devant sa petite hutte faite de bois et de paille. Dans sa communauté d'Itacuatia, la vieille dame, 67 ans, témoigne d'un passé qui se mêle au présent: «J'ai été séparé de ma famille quand je n'étais encore qu'une enfant, pour entrer au service de la famille Chávez. Dans leur hacienda, depuis toute petite, j'ai lavé le linge, pelé les légumes et préparé les repas. Je ne suis jamais allée à l'école et pendant très longtemps je n'ai pas su ce qu'était l'argent. Les hommes, eux, étaient aux champs, du lever du soleil à la tombée de la nuit.»

Selon l'Assemblée du peuple guarani, Itacuatia compterait aujourd'hui encore trente familles soumises à une forme ou à une autre d'esclavage ou de servitude. «Nous recevons des salaires de misère, en général 15 bolivianos (un peu plus de 2 dollars) pour une journée de dix ou douze heures de labeur. Et il y a encore peu, nous n'étions rétribués que par un peu de sucre, du savon, quelques cacahuètes...», confirme Nicanor Cerezo Bejarano, le mburuvicha (le chef) de cette communauté. Et comme tous ses compagnons, il est lié au propriétaire par une supposée dette qui se transmet de père en fils. Résigné, il se sent encore incapable d'imaginer un autre futur que celui de «vivre et mourir sur cette terre qui m'a vu naître, au service d'un maître».

2009, année de la libération?

Et pourtant... L'espoir que plus d'un siècle d'exploitation prenne fin cette année est bien réel... Pendue à un arbre, une vieille radio grésille pour l'ensemble des familles d'Itacuatia. Le programme de Patria Nueva, un canal pro-gouvernemental, fait la promotion de la nouvelle Constitution. Nicanor Cerezo Bejarano écoute pensivement: «Ce nouveau texte fondamental pourrait nous offrir enfin ce que nous voulons: vivre librement, en travaillant notre propre terre et en nous organisant en communauté. Alors le 25 janvier, nous irons tous voter, évidemment.»

Le vice-ministre des Terres, Alejandro Almaraz, l'a lui-même clamé haut et fort: cette année 2009 sera celle de la libération du peuple guarani et de la fin de l'esclavage. Il y a moins d'un an pourtant, l'avenir de la réforme agraire dans ce coin de pays semblait bien compromis. En avril 2008, trois grands propriétaires terriens, soutenus par l'oligarchie la plus conservatrice de Santa Cruz et par la préfecture de droite, avaient même pris les armes contre le gouvernement. Et ce même Alejandro Almaraz fut retenu en otage pendant sept heures par les propriétaires terriens rebelles et leurs groupes de choc. «Mais en août, en plébiscitant le président avec 67% de votes, le peuple bolivien a mis en déroute cette droite fasciste, et avec elle les propriétaires terriens», raconte Don Valerio Castaño. Le vieil homme travaille lui aussi pour la famille Chávez, depuis plus de vingt ans. La sueur perle sur son front ridé alors que la température dépasse les 37 degrés. Mais désormais un léger sourire crispe son visage: «Fin novembre, les fonctionnaires du gouvernement ont pu reprendre le processus d'assainissement des terres de l'Alto Parapeti, sans que les propriétaires terriens ne leur tirent dessus. Ils ont pu effectuer leur travail de terrain, maintenant nous attendons le résultat et une éventuelle redistribution...»

Extrême précarité

Les chefs des communautés guaranis de l'Alto Parapeti ont transmis au gouvernement une demande de reconstitution d'une Terre communautaire d'origine (TCO) de 157'000 ha dans le cadre de l'assainissement foncier. L'histoire est donc en passe de rendre aux Guaranis ce qu'elle leur a volé. Mais Don Valerio n'ose pas encore y croire: «Il faut nous comprendre... La peur des patrons est ancrée quasi génétiquement en nous. On a peur de tout, peur de parler, peur des représailles...»

Les propriétaires terriens pourtant font désormais profil bas. L'un d'eux, Ronald Larsen, qui avait tiré dans les pneus de la voiture du vice-ministre en avril, aurait même quitté le département, peut-être la Bolivie.

Mais pour ne pas être accusés de maintenir des communautés en régime d'esclavage, et donc de perdre leurs terres, les Chávez ont récemment privé les Guaranis de travail, espérant du même coup les contraindre à quitter la région. Sans le salaire de misère octroyé par le patron et toujours sans terre, les milliers de Guaranis qui composent les dix-neuf communautés de l'Alto Parapeti vivent aujourd'hui dans la précarité la plus absolue. «On cultive en cachette, clandestinement, de petites parcelles qui appartiennent bien sûr au latifundiste. Mais cela nous donne à peine de quoi nourrir nos familles», poursuit Don Valerio.

Pourtant dimanche, même l'estomac vide, Don Valerio ira voter le coeur léger: «Pendant des années, j'ai fait ce que le patron exigerait de moi, je vivais dans la peur, sans pouvoir me défendre contre les mauvais traitements, dans l'ignorance de mes droits, faute d'éducation. L'histoire a changé. Avec le gouvernement d'Evo, avec cette nouvelle Constitution, les Guaranis vont pouvoir enfin être maîtres de leurs terres, et de leur destin.»


II. LE BÉMOL OGM

La révolution ne gagne pas à tous les coups. Même dans la Bolivie d'Evo Morales, les multinationales peuvent parfois garder presque intact leur pouvoir de nuisance... Noyé dans une centaine de modifications lors des négociations entre le gouvernement et la droite parlementaire au mois d'octobre, il a failli passer inaperçu. L'article 408 (devenu 409) a pourtant basculé d'un extrême à l'autre, l'interdiction pure et simple «de la production, de l'importation et de la commercialisation de transgéniques» devenant régulation par l'intermédiaire d'une loi... «C'est incontestablement un énorme recul», admet volontiers Miguel Lora, collaborateur au Vice-ministère des terres et journaliste à Bolpress.com.

Que s'est-il donc passé dans les couloirs du parlement? «Il y a eu une pression des députés des partis de droite, notamment de Podemos», explique Francisco Mollo Calle, président de l'Association des organisations des producteurs écologiques. «Et les parlementaires de l'Oriente, principalement de Santa Cruz, répondent aux intérêts de puissants groupes agro-industriels, comme l'Anapo, l'Association nationale des producteurs d'oléagineux. Et qui trouve-t-on derrière l'Anapo? La transnationale Monsanto. Pour preuve: c'est l'Anapo qui avait présenté officiellement aux autorités boliviennes les demandes d'essai et d'autorisation du pesticide Roundup Ready, produit par la firme américaine, en 2004 et en 2005», précise Sorka Copa, du Forum bolivien sur l'environnement (Fobomade), et auteur d'une étude sur «les erreurs fatales de l'évaluation des risques du soja transgénique en Bolivie».

Et pourtant... En 2002, la grande marche des mouvements sociaux pour la souveraineté faisait de la lutte contre les transgéniques une priorité. Quant au président Evo Morales, il est de longue date un farouche militant anti-OGM! «Oui... Mais il y a deux niveaux... Evo est en effet un opposant aux transgéniques, mais dans son cabinet, on trouve des gens qui, disons, n'y sont pas forcément opposés. Il y a deux clans au sein même de l'exécutif», relève Miguel Lora.

A Santa Cruz, la moitié de la production agricole serait aujourd'hui transgénique. «La soja y est en pleine expansion, dans le cadre du développement des bio-combustibles, qui remplissent les réservoirs de voitures de riches Européens», s'énerve Miguel Lora. Pour ce dernier, cette porte ouverte aux transgéniques, «c'est une trahison de la nouvelle Constitution, qui prône la souveraineté alimentaire et l'autosubsistance au travers d'une production agricole diversifiée...»

Mais tout n'est pas si noir: «La Constitution interdit encore les transgéniques dans le cadre d'accords internationaux. Apparemment la droite a oublié l'article 255 lors des négociations», sourit Sorka Copa. «Et puis, ajoute Miguel Lora, les articles 255 et 357 interdisent les patentes sur la vie, et notamment sur les semences. Dès lors, avec ses produits monopolistiques qui lient les agriculteurs, Monsanto violera clairement la nouvelle Constitution bolivienne.»


III. UNE CONSTITUTION ETHNIQUE OU INTÉGRATRICE?

C'est une députée du Mouvement vers le socialisme, le parti d'Evo Morales, qui le dit sans ambages: malgré trois ans de gestion gouvernementale, le processus de changement n'a pas réellement démarré en Bolivie. «Certes, il y a eu la nationalisation des hydrocarbures, la mise en place d'un système de rente universelle pour les personnes de plus de 60 ans et l'alphabétisation de l'ensemble de la population. Des avancées majeures! Mais nous avons besoin de cette nouvelle Constitution pour enfin décoloniser le pays et refonder totalement la Bolivie», explique Julia Ramos. «La refonder sans discrimination, afin que tous les Boliviens soient égaux et unis, que chacun puisse vivre dignement dans ce pays», d'ajouter le viceprésident de la République, Alvaro García Linera.

Le peuple rédige et vote

Après cent quatre-vingt-quatre ans de vie républicaine, la Bolivie se prépare donc à faire sa vraie révolution! Pour la première fois de son histoire, c'est en effet le peuple, représenté par les 255 constituants élus en 2006, et non une élite politique, qui a écrit la nouvelle charte fondamentale, soumise au référendum ce dimanche 25 janvier.

Et pour la première fois, la majorité indigène du pays devient véritablement actrice du changement. «Comme dans de nombreux pays du monde, les Constitutions boliviennes depuis l'indépendance en 1825 ont été de terribles instruments De domination sociale, aux mains d'une élite bourgeoise. Ce nouveau texte offre une rupture totale, il est anti-colonialiste et nous libère de l'esclavage néolibéral», relève Idon Chivi Vargas, avocat indigéniste au Vice-ministère des droits de l'homme.

Deux justices égales

A côté de l'égalité des sexes, du droit à la maternité, du droit à vivre dans un environnement sain, et de droits sociaux, comme l'accès à l'eau potable, à des systèmes de santé et d'éducation gratuits, la nouvelle Constitution offre surtout une reconnaissance inédite des droits des trente-six nations indigènes originaires qui composent une (grande) partie du pays. Droit d'exister librement, droit à l'identité culturelle et religieuse, droit à leur propre vision du monde, droit aussi à leur libre détermination et à leur territoire. Et dans ce cadre, droit d'appliquer leurs justices traditionnelles, mises au même niveau hiérarchique que la justice ordinaire.

Pour Eugenio Rojas, le maire de la petite ville d'Achacachi, bastion de la communauté aymara, près du lac Titicaca, c'est une reconnaissance logique: «La justice traditionnelle est plus morale, plus éthique et bien moins corrompue que la justice ordinaire, qui protège avant tout les riches. Le coupable doit réparer les conséquences de son acte, ce qui passe par exemple par les travaux d'intérêt général. La peine vise à une prise de conscience, à une réflexion de la part du coupable.»

«Il y a des avancées dans ce texte avec la reconnaissance des droits des peuples indigènes, trop longtemps exclus», reconnaît volontiers l'analyste politique Carlos Cordero, placé à droite sur l'échiquier politique. «Et créer des droits spécifiques aux indigènes procède d'une bonne intention. Mais cela crée de nouvelles discriminations. On racialise la politique, on crée un fondamentalisme ethnique, on offre un traitement privilégié aux indigènes, par rapport aux populations métisses ou d'origines européenne, oubliés dans cette Constitution. Et on passe d'une nécessaire réparation historique à une regrettable revanche.»

Pas assez socialiste

Si la droite rejette le nouveau texte constitutionnel, jugé trop «indigéniste», extrêmement «anti-libéral» et «démesurément étatiste au niveau économique», celui-ci ne fait pas non plus que des heureux à l'extrême gauche, signe peutêtre qu'il a atteint malgré tout un niveau insoupçonné de consensus... Raul Jimenez, en tout cas, ne décolère pas. Doyen de la faculté de droit de l'université San Andrés de La Paz, il dénonce une trahison: «Certes, la Constitution a été écrite par le peuple, mais elle est pleine de contradictions. Elle se prétend socialiste, mais elle reconnaît la propriété privée, c'est absurde!»


IV. "TOUT LE DROIT INTERNATIONAL, ET MÊME DAVANTAGE!"

Non sans humour, le vice-ministre de Justice et des droits de l'homme, Wilfredo Chávez, qualifie la nouvelle Constitution de «droitière... tant elle octroie de nouveau droits» aux Boliviens. Dont celui de choisir sa juridiction: ordinaire ou indigène.

En tant de chargé des Droits humains, que mettriez-vous en avant dans le nouveau texte?

Wilfredo Chávez: Au-delà de son caractère démocratique ­ ce serait la première Constitution rédigée et votée par les citoyens boliviens ­ je relève que l'ensemble des droits humains existant dans les traités internationaux ont été intégrés au droit national supérieur. Par exemple, sur la base de la Déclaration internationale des droits des peuples autochtones de 2007, ceux-ci pourront demander une autonomie territoriale et une représentation directe à l'Assemblée nationale.

A cela, les constituants ont adjoint des droits sociaux non encore reconnus internationalement, comme le droit à l'eau, aux services publics universels, etc. Enfin, ils ont fait ce qui aurait dû l'être depuis longtemps: instaurer l'égalité de genres et la pénalisation de la discrimination, séparer l'Etat de l'Eglise et déclarer la Bolivie pays pacifiste, interdisant les bases militaires étrangères et rejetant la guerre comme solution politique. Cette affirmation a son importance au vu de l'actualité mondiale...

La reconnaissance de la justice communautaire fait peur, car elle peut être parfois expéditive...

W.C.: Au contraire: son inscription dans la Constitution permet de la soumettre au respect des droits humains universels. Les punitions physiques sont donc évidemment interdites et réprimées comme tout atteinte à la personne humaine. De plus, on ne pourra être soumis à cette justice sans consentement préalable. En cas de conflit de juridictions, le Tribunal constitutionnel plurinational (TCP) tranchera.

Croyez-moi: c'est un enrichissement! Dans la plupart des cas, la justice communautaire est plus appropriée et efficace, car elle est rapide et se préoccupe d'abord de ressouder le justiciable et sa communauté, à réparer plutôt qu'à punir.

Mais sa célérité n'affaiblit-elle pas le droit au recours?

W.C.: En principe, l'appel est garanti par la Constitution. Il y a le cas particulier des communautés pratiquant la justice en assemblée. C'est un type de fonctionnement qui implique le repentir public et l'immédiateté de la peine ce qui en garantit l'application. Mais ceux qui se soumettent à cette assemblée le font volontairement, c'est un signe d'adhésion à la communauté, au même titre que d'accepter ses autres règles de fonctionnement. C'est un tout. Et si le justiciable refuse cette juridiction, il peut faire recours au TCP.

Il faut être clair: ce n'est pas la nouvelle Constitution qui a inventé la justice communautaire. Qu'on le veuille ou non, ces pratiques existent, elles ont survécu à la colonisation. La justice communautaire a en particulier pallier l'absence de l'Etat auprès des communautés rurales. Jusqu'à présent, les deux systèmes étaient divorcés. Désormais, ils seront compénétrés.


V. DÉROUTE DE L'OPPOSITION

Une image du Christ à côté de celle d'Evo. Et un slogan: «Le 25 janvier, choisis Dieu!» L'affiche orne les murs de Santa Cruz, le bastion de la droite anti-gouvernementale, farouchement opposée à la nouvelle Constitution politique de l'Etat. Et pourtant, l'article 4 de la nouvelle charte prévoit le respect de toutes les croyances! La campagne mensongère de la droite, qui prétend aussi qu'on légalisera le mariage gay ou l'avortement, thèmes qui ne se trouvent dans aucun des 411 articles soumis au vote dimanche, illustre son total désarroi plus encore que sa crasse malhonnêteté.

Comment en effet convaincre les citoyens de s'opposer au changement? Certainement pas en débattant des propositions inscrites dans la Constitution, comme la meilleure répartition des terres... Mieux vaut prétendre que le «gouvernement communiste va interdire la propriété privée», même si l'article 56 la garantit expressément... Ne restent que la diffamation et le mensonge pour tenter de rallier les suffrages. La droite bolivienne ne relève décidément pas la tête. Podemos, le principal parti d'opposition de l'ancien président Jorge Qujiroga, a bien tenté de jouer un rôle majeur lors des négociations sur la Constitution au parlement, qui ont abouti en octobre à la révision d'une centaine d'articles. Las, la tactique a encore élargi la base de soutien au texte constitutionnel à droite, et mené Podemos au bord de l'implosion.

Les préfets autonomistes, eux, ont perdu toute crédibilité, après la tentative de coup d'Etat marquée par la vague de violences du mois de septembre, la prise des institutions publiques et le massacre, dans le Pando, d'une vingtaine de paysans.

La campagne de dénigrement du président Morales, présenté comme un apprenti dictateur dans l'ombre du Vénézuélien Hugo Chávez et comme un extrémiste indigéniste prêt à diviser les Boliviens sur des critères ethniques, leur est revenue dans la figure comme un boomerang. Ce sont en effet désormais ces préfets qui incarnent, à la lumière crue des événements, le confinement régionaliste au détriment de l'unité nationale, le déchaînement du racisme, et le non-respect des institutions et de la démocratie. Une déroute totale, qui les a fait perdre jusqu'à la bannière de l'autonomie départementale, désormais largement incorporée dans une nouvelle Constitution qui apparaît comme la plus décentralisée de l'histoire, et qui devrait obtenir l'aval du peuple dimanche au-delà, pour le moins, des 60%.

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