lundi 19 janvier 2009

Le 7 janvier dernier, Hugo Chavez a fait expulsé du territoire vénézuélien l’ambassadeur israélien en fonction, pour protester contre les crimes commis par l’Etat hébreux à l’encontre du peuple palestinien. Un geste qui apparaît à certains comme une rodomontade de plus, de la part d’un Chavez qu’on aime à considérer de haut et à réduire au rang de simple agitateur international, et ce d’autant que l’action vénézuélienne a presque immédiatement été saluée par l’Iran… (1)

Ce renvoi de la représentation israélienne, pourtant, revêt un sens qui dépasse largement la simple provocation. C’est une manière de réagir concrètement contre ce que l’ensemble de la communauté internationale condamne, certes, mais sans oser lever ne serait-ce que le ton à l’égard d’Israël. Quelle nation, à part les États-Unis, pourrait s’adonner à un tel massacre sans encourir de graves sanctions économiques, voire militaires? Aucune. A un État qui ne respecte rien, qui prône la destruction de l’autre au nom de sa propre existence, Chavez fait donc bien de répondre par un acte qui, symboliquement, supprime toute existence politique d’Israël au Vénézuéla. Un donné pour un rendu. Loi du Talion.

Plus intéressante encore, la position d’Evo Morales qui, tout en rompant la semaine dernière les relations diplomatiques entre la Bolivie et Israël, affirme vouloir déposer une plainte auprès de la Cour Pénale Internationale pour dénoncer les crimes commis par l’État hébreux pendant la dernière offensive de Gaza (2). Plainte qui n’a absolument aucune chance d’aboutir mais qui, ici encore, est une manière symbolique d’affirmer enfin, sur un plan politique et juridique, le refus de l’exception israélienne.

Et à quoi bon tous ces symboles, me direz-vous, s’ils ne mènent à rien de concret ?

Une manière, peut-être, de rééquilibrer la donne. Parce que chaque Palestinien qui meurt sous les bombes israéliennes, qu’il soit un chef du Hamas ou un simple enfant, devient instantanément le symbole des Intifadas à venir, avec son cortège de martyrs volontaires et involontaires; parce que chaque roquette lancée sur Israël est une action symbolique: résistance pour les uns, droit à la « légitime défense » pour les autres; parce que l’État hébreux est depuis maintenant soixante ans symboliquement intouchable, au nom d’un drame historique que rien, jamais, n’absoudra, mais qui ne saurait justifier tout et n'importe quoi.

Il fallait peut-être que les premiers signes forts de ras-le-bol viennent du continent qui, en cinq siècles, a eu le temps d’apprendre la force et le sens des symboles.

Au fait, saviez-vous ce qu’était le symbolon grec ? Une petite figurine, généralement en terre cuite, que l’on brisait et dont les morceaux étaient distribués entre familles alliées. Une manière, au fil du temps, de se reconnaître entre détenteurs d’un même héritage…

P.S. Je joins à cet article le prochain message, une réaction d'Eduardo Galeano face aux récents événements de Gaza.

(1) Voir "Rue Hugo Chavez", article paru dans le blog Venezuelatina le 13 janvier 2009.

(2) Le Courrier, samedi 17 janvier 2009, p. 11.

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