mardi 12 janvier 2010

Nous voici donc à Chiloe, après bien des heures de route et de jeûne forcé: 12 heures d'attente à Madrid, notre avion ayant été retardé de 7 heures à cause des chutes de neige et des pistes gelées, une escale imprévue à Sao Paolo pour remplacer l'équipe de bord qui avait dépassé le nombre d'heures de vol légales, ce qui nous a valu un décollage-aterrissage de plus (donc 3-4 sédatifs, pour moi!) mais aussi, pour être honnête, un vol assez fabuleux au-dessus du Brésil et de l'Argentine. A Santiago, les choses se sont relativement bien passées, dans la mesure où tous les noms des passagers du fameux vol 705 avaient été listés, et des places réservées dans les avions suivants. Mais nous sommes arrivés à Puerto Montt à 23 heures, sans avoir mangé de repas décent depuis le dimanche soir, à Madrid, et sans aucune envie de nous mettre en chasse d'un restaurant ouvert à ces heures, par 11 degrés sous la pluie... Qui dort dîne, donc.


Le Chili et ses vieux fantômes


Au Chili, il est interdit de pénétrer sur le territoire avec des produits d'origine animale ou végétale, quels qu'ils soient. Fruits, graines, miel, etc., sont donc à éliminer de sa valise avant de passer la douane, protectionnisme économique déguisé derrière des discours hygiénistes assez absurdes. Dans l'avion, on vous remet un fomulaire dans lequel vous devez déclarer tout produit concerné par ces mesures, ou jurer que vous n'avez rien, et signer.
Après nos plus de 30 heures de voyage, j'avais oublié un maudit kiwi perdu au fond de mon sac à dos. Ce qui me valut d'être retenue presque 30 minutes par un gradé en uniforme du ministère de l'agriculture, qui fit une déposition en bonne et due forme sur mon cas et sur l'objet incriminé - je sais à présent qu'un kiwi pèse 97 grammes -, voué être "détruit dans de l'acide" (sic). Puis l'agent m'expliqua sur un ton fort matial qu'il s'agissait d'une faute grave : on ne signe pas un document qui ne correspond pas à la réalité; en tant que représentant de la justice, il allait me condamner, compte tenu des circonstance atténuantes (le long voyage), à la peine minimale, soit une amende de 110.000 pesos chiliens. 270 francs suisses... L'acte du "procès" que je venais de subir me fut remis, et je dus m'acquitter de la somme (avec une vague envie de demander au type ce qu'il faisait entre 1973 et 1989, et s'il me permettait de manger mon kiwi). Puis, alors que j'allais sortir, il me rappella: "Mademoiselle, vous allez bénéficier d'une grâce exceptionnelle: je vous rends votre argent. Vous avez beaucoup de chance, j'espère que vous vous en rendez compte". Il n'y avait rien à faire que de le reprendre, d'attendre le nouvel acte de jugement, et de faire semblant de remercier chaleureusement cet enfoiré en faisant abstraction de tous les relens fascistoïdes de l'épisode.
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Nous sommes depuis la mi-journé à Chiloe, à Castro, et découvrons les maisons en bois à pilotis. Le temps est plutôt agréable, les gens adorables et nous mangerons ce soir notre premier vrai repas. 
Pour les photos, il faudra attendre, car j'ai oublié le cable pour connecter mon appareil...

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4 Commentaires:

  1. M a dit...
    Mais quel salopard ! t'avais pas envie de faire demi-tour ?
    Pavé Delamare a dit...
    Qui narre vit! Et j'adore quand tu narres (-gues). Vive L'armerdre! (dirait Ubu que nous montons ou descendons). Alors bon bon voyage. P.
    Nathalie Vuillemin a dit...
    Demi-tour? Encore un avion? Non non non, pitie!!!
    Pave Delamare, je t'ai reconnu!
    Unknown a dit...
    Hello vous deux, jamais possible pour vous de faire des vacances simples, sans ouragan, sautage de repas à répétition ou amende salée!!

    On vous souhaite tout de bon.
    Marie, Robin et Gyslène