mercredi 27 janvier 2010

Punta Arenas - ville la plus importante de la région Magellan-Antarctique. Elle est agréable, quand on vient de Puerto Natales, sorte de boutique géante pour les touristes rêvant d'aventures extrêmes dans le Parc National. A Punta Arenas, ville coloré légèrement pentue, il y a du tourisme, certes, mais également une vraie vie locale, un marché, un port de marchandises, ... du bruit. Et surtout, il y a le Détroit de Magellan, qui nous est apparu un jour de forts vents (pour changer un peu) comme un grand lac vert foncé, couvert d'écume. 
Nous l'avons longé aujourd'hui, ce lieu aux mille échos de naufrages et d'espérances décues, pour arriver tout à la fin de la dernière route du continent. Journée magnifique, calme, la première du voyage où nous pouvons réellement laisser de côté les vestes. Je m'étais préparée à une vision plate, un bord de mer comme un autre, voire un peu plus laid, qui tranche avec les attentes véhiculées par ces trois syllabes - elles me fascinent depuis un épisode des Mystérieuses Cités d'Or où le narrateur, dans le petit documentaire qui précédait le dessin animé, expliquait que le Détroit de Magellan (qu'il prononcait Magellllllllan) est le lieu où se rencontrent les Océans Atlantique et Pacifique - d'où les courants et les vagues (que nous n'avons pas vues). Or du cap auquel nous sommes arrivés, c'est une perspective magnifique sur la Terre de Feu, en face, et sur les montagnes alentour enneigées - vision étrange s'il en est, avec la végétation presque méditerranéenne de la côte au premier plan - qui nous attendait. Les lichens et les algues qui recouvrent les rochers donnent  à la scène un ton jaune-orangé. Il y des oiseaux marins, et une odeur de mer (mais bonne, fraîche). Nous avons flâné là un long moment, en silence, l'endroit étant symboliquement extrêmement fort. C'est comme arriver à la fin du monde. J'aurais pu renoncer à Ushuaia dans ce voyage, pas au Détroit...

Notre balade s'est poursuivie ensuite dans une réserve naturelle toute proche, à laquelle nous avons accédé en traversant un paysage bien triste, qui nous a fait comprendre pourquoi 30% du territoire chilien est composé de Parcs Nationaux: parce qu'en dehors de ces réserves très réglementées, c'est tout simplement n'importe quoi. Ici, la forêt magellanique a été littéralement dévastée par les propriétaires d'estancias, qui brûlent tout pour gagner de l'espace en prairie. Tout est donc réduit à une herbe grisâtre couverte de cadavres d'arbres, et le peu qui reste de la forêt, c'est la zone protégée. Nous y avons vu des renards gris et des perroquets patagons. Les arbres, naturellement penchés par le vent, sont des espèces de chênes pour la plupart assez bas, aux troncs noueux et très ramifiés. Et partout, du "calafate", la baie régionale (une airelle, en fait), qu'on trouve sous toutes les sauces dans les bons restaurants: en apéritif, en dessert, en assaisonnement.
Demain nous quittons définitivement le Chili et gagnons l'Argentine. Je n'ai pas encore compris comment le bus fait pour parcourir ce trajet, long certes, mais tout de même relativement raisonnable, en... douze heures. L'état des routes, le passage de douane (sans kiwi cette fois) et celui du Détroit doivent y être pour quelque chose.
Avant ce changement de pays, nous mangerons ce soir avec Martine et Philippe, deux Francais que nous avons rencontrés pendant notre croisière, et dont l'itinéraire croise le nôtre assez régulièrement.
Nous saluerons le Chili au Pisco et au Calafate, donc, avant le départ pour la Terre de Feu! Et peut-être arriverai-je, en Argentine, à trouver un ordinateur qui me permette de poster mes images...


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