jeudi 30 octobre 2008

1'500 assassinats, 55'000 déplacés, 400'000 sans terre, 18 peuples en voie d'extinction: c'est le lourd bilan que tire, pour l'instant, la vaste communauté indigène de Colombie des six ans de gouvernement Uribe. Un franc succès, en fait, pour un pouvoir qui cache à peine sa volonté de procéder à un véritable "nettoyage ethnique" en Colombie, l'un des pays les plus métissés d'Amérique latine, avec ses 80 populations différentes. (Voir à ce propos un précédent article de ce blog.)

Vient le moment, toutefois, où face à la violence permanente, aux exactions, au vol, face au choix de mourir pour rien ou de mourir pour avoir essayé, un peuple opte pour la deuxième solution, se mobilise et tente ne serait-ce que de montrer qui il est. Le 15 septembre dernier, dix mille ouvriers des exploitations de canne à sucre, majoritairement afro-colombiens entrent en grève en Colombie. Surpris par cette soudaine prise de parole de l'une des classes sociales les plus pauvres du pays, le gouvernement accuse les FARC d'être à l'origine de ces manifestations et réprime.

Le 12 octobre, date anniversaire de l'invasion espagnole, les peuples indigènes inaugurent un grand "congrès itinérant", une longe marche à travers le pays dont le premier but est de montrer aux autres Colombiens, pour la plupart indifférents à l'ethnocide qui se joue actuellement dans leur pays, qu'ils existent. Et Dieu sait s'ils existent: 10'000 au début de la manifestation, ils sont aujourd'hui cinq fois plus à marcher vers Bogotá pour revendiquer leur droit et obtenir une discussion avec le président Uribe. Celui-ci leur avait promis de premières négociations dimanche 26 octobre à Cali, il a brillé par son absence. La marche continue, donc, malgré les barrages militaires, les coups de feu sur la foule (19 morts parmi les manifestants depuis le début de la manifestation), les pressions diverses exercée par l'armée (assassinats, enlèvements, racket...) pour, progressivement, décourager les indigènes.

Raté, pour l'instant, et il se pourrait que cette longue marche pacifique contribue plus que n'importe quelle action violence à faire changer un peu les choses en Colombie. A moins que le gouvernement Uribe réussisse à faire disparaître en un coup de baguette magique dont il a le secret 50'000 manifestants... A moins qu'à force de silence dans la presse officielle, notamment de ce côté-ci de l'Atlantique, les peuples originels de Colombie soient contraints d'accepter que, de fait, pour une bonne partie du monde, ils n'existent déjà plus.

Sources: les pages du site rebelion.org dédiées à la Colombie donnent chaque jour de nouvelles informations sur le congrès itinérant des indigènes.

Voyez également "Quand pleure la terre", le magnifique reportage de la Radio Suisse Romande sur les communautés indigènes de Colombie.

Photo: C. Ortega.

Commenter cet article


1 Commentaire:

  1. Anonyme a dit...
    idiote utile de la guérilla. Dommage. Une écervelée de plus. pourquoi faut-il que l'Amérique latine soit la proie des oies blanches les plus caricaturales ?